Notre première destination au Viêt Nam après Hanoi a été la petite île de Cat Ba, qui se trouve environ 150 km à l’est de la capitale.
Pour nous y rendre, nous avons dans un premier temps décidé de prendre un bus jusqu’à Haiphong, ville portuaire d’où partent les bateaux pour l’île. Cette solution est plus avantageuse autant au niveau du prix (70’000 VND par personne soit environ 3€), du temps de trajet (annoncé à 1h45 mais on y passe quand même plus de 2h) que de la fréquence des trajets (toutes les 15 minutes apparemment). De plus, en terme de confort, les sièges de ce bus n’ont rien à envier aux fauteuils que proposent les cars de voyages occidentaux.
L’autre solution consiste à prendre le train. Certes à peine plus cher, il met néanmoins plus longtemps (3h d’après le bureau de la gare) et fait le trajet seulement trois fois par jour.

Les bus vietnamiens, toute une histoire
Prendre le bus au Viêt Nam est déjà une aventure en soi (bah ouais, sinon je n’écrirais pas cet article !). Nous l’avions déjà constaté pour nous rendre de l’aéroport à la ville de Hanoi, mais ce fut encore plus vrai pour le trajet Hanoi-Haiphong !
Arrivés à la gare routière Luong Yên au Sud du vieux quartier de Hanoi, nous nous dirigeons donc vers un bus sur lequel est écrit le nom de la ville que nous souhaitons rejoindre. Juste avant d’arriver aux portes du car, deux hommes nous interpellent et nous crient « Haiphong ?! » tout en nous faisant des signes en direction d’un autre bus qui, pourtant, était déjà en train de partir (avec la porte ouverte bien entendu !). Méfiant (et aussi parce qu’on s’est déjà fait rouler à peine quelques heures auparavant…), ma première question est de demander leur prix. J’ai l’impression – sûrement à tort – que l’un me propose 25’000 alors que le deuxième me dit 70’000. Premier réflexe maladroit de ma part, je leur sort un « No way ! To expensive ! » cinglant mais l’homme aux 70’000 insiste et me montre la pancarte sur le bus qui confirme ses dires. C’est seulement à ce moment là que je me suis souvenu qu’il s’agissait bien du prix que nous avions vu sur internet…
Bref, ni une, ni deux, nous voilà sautant avec nos énormes sacs sur le dos dans ce bus qui s’est à peine arrêté. L’avant du bus est bondé mais, par chance, nous répérons quelques places libres tout derrière. La banquette arrière est complètement vide et nous nous installons donc là, confortablement sur les 5 places de celle-ci. Mais moins de 5 minutes s’écoulent avant que l’ « assistant » du chauffeur (au Viêt Nam, le chauffeur est toujours accompagné d’un type chargé de faire payer les billets aux voyageurs une fois le bus parti) se dirige vers nous, nous fait signe de ne pas occuper toute la banquette et de nous coller l’un à l’autre.

Le bus ayant encore quelques places inoccupées, nous ne comprenons pas trop mais nous nous exécutons sans essayer de poser de questions à ce type qui ne parle pas anglais (on n’est pas là pour chercher des embrouilles hein !). Fort heureusement, la dernière rangée est dotée d’un espace très conséquent au niveau des jambes, si bien que même avec les sacs entre les gambettes (et malgré mon mètre 93) nous sommes très bien installés.
Ca passe large !
Jusque là, rien d’anormal… si ce n’est la pile de petits tabourets entassés dans le couloir central du bus. À ce moment là nous ne savions pas encore que nous avions les meilleures places du bus, celles qui nous permettraient d’assister à un show qui fera de ce trajet le plus sympathique de notre vie (mis à part le fait que nous avons très vite eu droit aux incessants coups de klaxons rauques de notre bus. Mais nous nous y attendions un peu.)
51 places, 60 personnes assises ?
Quelques minutes plus tard, les 51 places assises que contiennent le bus sont toutes occupées. Vous connaissez le principe des bus Hop-on/hop-off ? Eh bien découvrez le au Viêt-nam ! Durant tout le trajet en ville de Hanoi, la porte avant du bus est ouverte et les gens peuvent littéralement sauter dedans sans que celui-ci ne s’arrête (mais rassurez-vous, il ralentit quand même !). Et c’est là que la pile de tabouret va remplir toute l’étendue de sa fonction : le bus est plein à craquer ? Pas de soucis, asseyez-vous donc sur l’un de ces tabourets hyper-confortables durant plus de deux heures de trajet ! Le principe marche à merveille, si bien que ce seront en tout 9 personnes qui seront assises à ras du sol – portant le total de passagers à 60 (oui je me suis fait ch*er à compter).
Une fois sortis de la ville, notre assistant du chauffeur est donc chargé de passer auprès de chaque passager et lui faire payer son ticket. Ce travail peut paraître simple, mais pas dans les conditions que vous voyez ci-dessous…

Je me demande encore comment il est parvenu jusqu’à nous…
Une petite faim …?
Un peu plus tard, un passager à l’avant du bus se lève et crie quelque chose dans le bus. Un peu choqué et n’y comprenant rien, je suis également surpris lorsqu’une dame assise devant moi lève la main et fais de grands signes dans le genre « donne-moi ça !! ». Visiblement, il se trouve que l’homme à l’avant du bus possède un bout de sandwich, qu’il n’a plus faim et qu’il demande qui voudrait bien l’en débarrasser. Le couloir étant toujours bouché, nous assistons donc à un joli travail à la chaîne qui permettra à la dame de déguster son cadeau.
… Ou une petite soif ?
Je suis encore abasourdi par cet épisode, qu’une autre scène surréaliste va se dérouler sous nos yeux à peine quelques instants après. Nous longeons un petit marché lorsque le bus s’arrête soudainement. Le chauffeur se lève et crie quelque chose à l’assemblée. Plusieurs voix s’élèvent et je suis, encore une fois, complètement dépassé par les événements. Je suis étonné de voir qu’il se dirige vers une commerçante qui semble vendre de gros bidons qui se rapprochent des bidons d’huile à frire de 5l que l’on trouve par chez nous. Le chauffeur prend une de ces bouteilles, la ramène dans le bus et la fait parvenir, toujours par l’intermédiaire des gens assis dans le couloir, à l’un des passager. En retour, celui-ci fera transmettre de l’argent au chauffeur via le même moyen. En tout ce seront 3 passagers qui auront pu s’acheter des réserves de ce qui semble finalement être de l’eau. Du moins je l’espère pour eux…

Moi qui ai appris à l’école que le toyotisme n’a jamais su intégrer le travail à la chaîne dans son processus de production, j’ai l’impression que les vietnamiens sont, au contraire de leurs homologues japonais, très bons dans ce domaine !
Bon, mis à part ces événements nous avons également pu vérifier que la légende qui prétend que les vietnamiens ont un peu de mal avec les trajets en bus est totalement vraie. Presque chaque siège est pourvu d’un petit sac bleu qui n’est pas destiné à accueillir les aliments du supermarché – du moins pas avant un certain processus de digestion humain. Nous avons nous même vus/entendus que deux de ces sacs au moins ont rempli leur fonction (dont celui de la dame qui a hérité du sandwich).
En gros, ce trajet de bus était plutôt… inhabituel! Mais c’est ça qu’on recherche quand on se retrouve dans un pays complètement différent du nôtre… Non? 😉
Ecrit par S.